Un rôle des pesticides dans le glioblastome

Le projet CERVO, intitulé « Cancérogenèse et résistance aux traitements après exposition à des pesticides utilisés en viticulture dans les glioblastomes » et porté par Augustin Le Naour et l’équipe RADOPT du Centre de recherches en cancérologie de Toulouse, a reçu en 2024 un soutien de l’ARTC.

Pourquoi s’intéresser aux pesticides ?

Des facteurs environnementaux, tels que l’exposition aux pesticides, pourraient jouer un rôle dans l’apparition des glioblastomes. En 2021, une expertise collective menée par l’INSERM a mis en évidence un lien entre l’exposition aux pesticides et une augmentation du risque de développer un gliome, un type de tumeur cérébrale dont fait partie le glioblastome. Ce risque concerne aussi bien les enfants que les adultes, notamment les personnes travaillant dans l’agriculture ou vivant à proximité de zones d’épandage.

Les pesticides pourraient également interférer avec l’efficacité des traitements contre le glioblastome ?

En effet, au-delà de leur implication dans l’apparition des cancers, les pesticides pourraient également modifier la réponse des tumeurs aux traitements, en favorisant des mécanismes de résistance. Cela signifie que les cellules tumorales exposées aux pesticides pourraient être moins sensibles à la radiothérapie et à la chimiothérapie. Jusqu’à présent, aucune étude n’a ciblé précisément l’impact des pesticides dans la résistance des glioblastomes aux traitements standards. Or, comprendre ces mécanismes est essentiel pour améliorer la prise en charge des patients et proposer des traitements plus adaptés.

Comment allez-vous conduire votre recherche ?

Notre étude vise à analyser, en laboratoire, comment les pesticides peuvent influencer le développement et la résistance des cellules tumorales du glioblastome. Pour cela, nous allons :

  • exposer des cellules saines du cerveau et des cellules tumorales à des mélanges de pesticides représentatifs de ceux utilisés en viticulture ;
  • observer les effets toxiques de ces pesticides sur les cellules saines, notamment leur capacité à favoriser la transformation en cellules cancéreuses ;
  • tester si les cellules tumorales exposées aux pesticides réagissent différemment aux traitements standards associant la chimiothérapie (témozolomide) et la radiothérapie ;
  • identifier les mécanismes de résistance mis en place par les cellules tumorales exposées aux pesticides.

Quelles retombées pourrait-on attendre ?

Si nous parvenions à identifier des biomarqueurs d’exposition aux pesticides et de résistance aux traitements, il serait possible à l’avenir de mieux anticiper la réponse d’un patient au traitement standard. Cela pourrait ouvrir la voie à une médecine plus personnalisée, où les patients exposés aux pesticides pourraient bénéficier d’un traitement ajusté dès le départ, augmentant ainsi leurs chances de survie. Enfin, cette étude pourrait permettre d’explorer de nouvelles stratégies thérapeutiques en testant des molécules capables de contourner les mécanismes de résistance identifiés. Ce serait une avancée majeure dans la lutte contre cette maladie. Cette recherche constitue une première dans l’étude de l’impact des pesticides sur la réponse des glioblastomes aux traitements.

Hypothèses : l’exposition de cellules saines neurales à des pesticides entraine leur transformation en cellules tumorales. Ces cellules tumorales, exposées aux pesticides, résistent plus aux traitements par radiothérapie et chimiothérapie.