Le projet GRECO – Interview du Pr Georges NOEL
Le professeur Georges Noël est oncologue radiothérapeute, chef de Pôle à l’ICANS (Institut de cancérologie Strasbourg Europe). Son projet de recherche GRECO a obtenu un soutien financier de l’ARTC. Il nous l’explique.
Quel est l'objectif de votre projet de recherche et comment en est née l'idée ?
Chez les personnes atteintes d’un glioblastome, la maladie comme les traitements (chirurgie, radiothérapie) peuvent affecter sérieusement les capacités cognitives (mémoire, attention, raisonnement), comportementales et émotionnelles, et altérer leur qualité de vie.
Les récentes avancées en neurosciences nous apprennent que le cerveau et ses neurones fonctionnent en réseau, avec des régions cérébrales interconnectées par des « voies » bien définies. En imagerie médicale, nous pouvons aujourd’hui visualiser ces connexions et observer les altérations causées par la maladie ou les traitements.
L’objectif de notre étude est de comprendre comment ces modifications dans le cerveau contribuent aux troubles cognitifs des patients atteints d’un glioblastome, pour les prévenir et les rééduquer.
Quelles méthodes allez-vous utiliser ?
Nous allons utiliser une technique d'imagerie, appelée la tractographie, qui permet de bien voir les voies nerveuses de communication dans le cerveau. Nous allons recenser les anomalies chez des patients porteurs d’une tumeur cérébrale traitée et les confronter aux troubles cognitifs des patients. Cela devrait nous permettre d’identifier les altérations responsables des troubles observés.
Les patients faisant partie de l’essai clinique seront étudiés en trois étapes : une évaluation des fonctions supérieures par des tests cognitifs, une imagerie par tractographie pour visualiser les voies de communication dans le cerveau, et ils bénéficieront d'une rééducation orthophonique ciblée pour voir si elle peut favoriser la récupération des fonctions altérées après le traitement et améliorer leur qualité de vie qui sera évaluée grâce à des questionnaires.
L'essai étudiera 24 patients avant et après leur traitement (chirurgie, radiothérapie) sur une période de 12 mois.
Quelles perspectives pratiques pourraient avoir vos découvertes ?
En comprenant mieux les mécanismes impliqués dans les troubles cognitifs des patients souffrant de glioblastome, nous pensons adapter les traitements pour mieux protéger les voies nerveuses sensibles du cerveau, en réduire les séquelles et améliorer la stratégie de rééducation orthophonique et neurocognitive pour une meilleure récupération.
Les équipes de l’ICANS remercient les donateurs de l’ARTC et en particulier de la délégation Alsace pour leur générosité et leur confiance, qui vont leur permettre de progresser.