Les hormones, une cible pour le traitement du glioblastome – Interview de Cristina BIRZU

Cristina Birzu est neuro-oncologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ancienne boursière de l’ARTC, elle étudie le rôle des hormones dans le développement du glioblastome, dans le cadre d’un doctorat en sciences au sein de l’équipe GlioTex et sous la direction du Pr Ahmed Idbaih à l’ICM.

D’où vient l’idée que les hormones ont un rôle dans le développement du glioblastome ?

Certaines études montrent que les hommes sont plus fréquemment touchés que les femmes, avec un risque deux fois supérieur. Par ailleurs, on note que leur espérance de vie est statistiquement moins bonne et qu’ils répondent moins bien aux traitements.

Notre projet part de l’hypothèse que les androgènes (les hormones sexuelles masculines) favoriseraient la croissance tumorale. Ceci est corroboré par la présence de récepteurs aux androgènes situés à la surface des cellules de glioblastome (découverte récente) et des cellules immunitaires associées à la tumeur.

Comment agiraient ces hormones ?

Les androgènes agiraient directement sur la cellule tumorale en stimulant sa prolifération, mais aussi en diminuant les défenses immunitaires dirigées contre la tumeur aussi bien dans le cerveau que dans le reste de l’organisme.

Quel est votre projet ?

Au laboratoire, nous essayons de comprendre les mécanismes par lesquels les androgènes favoriseraient la résistance aux traitements des glioblastomes, telle que la chimiothérapie par le témozolomide. Nous étudions aussi comment les androgènes induiraient une baisse de l’immunité antitumorale. Nous utilisons, pour nos recherches, différents modèles expérimentaux : des cellules de glioblastome maintenues en culture dans des boîtes et des souris conçues pour disposer d’un système immunitaire fonctionnel ou pas. Nous administrons des hormonothérapies déjà validées dans la pratique clinique, et essayons de comprendre comment la modulation des hormones pourrait influencer le développement du glioblastome et la réponse aux traitements.

Quelles implications pratiques peut-on espérer ?

Si nous confirmons nos hypothèses, nos résultats pourraient conduire à un essai clinique, ciblant les androgènes et visant à améliorer l’efficacité de la chimiothérapie et de l’immunothérapie chez les patients atteints d’un glioblastome.