Reprogrammer les cellules de glioblastome en neurones

Christophe Heinrich est directeur de recherche au CNRS et chef d’équipe à l’Institut Cellules souches et cerveau à Lyon (INSERM U1208). Il étudie la reprogrammation cellulaire comme approche thérapeutique dans le glioblastome.
En quoi consiste la reprogrammation des cellules de glioblastome ?
Cette reprogrammation consiste à forcer une cellule à acquérir une nouvelle identité par une manipulation génétique. L’identité de la cellule d’origine se trouve ainsi effacée. Aussi, reprogrammer les cellules tumorales de glioblastome qui prolifèrent en neurones – cellules qui ne peuvent pas se multiplier – pourrait s’avérer une stratégie efficace pour effacer leur identité tumorale et ainsi réduire la croissance tumorale, mais également les risques de récidives.
Comment allez-vous procéder ?
À partir de cellules de glioblastome provenant de prélèvements tumoraux de patients opérés, ayant donné leur consentement pour leur utilisation à des fins de recherche, nous chercherons à transformer des cellules de glioblastome en neurones. Pour ce faire, nous activerons, dans les cellules tumorales, des gènes connus pour faire évoluer les cellules en neurones. En utilisant des techniques de pointe de séquençage qui permettent d’analyser l’ARN, nous pourrons déterminer si les cellules ainsi reprogrammées ont bien perdu leur identité tumorale d’origine et ont cessé de proliférer. Pour corroborer ces résultats, nous utiliserons également des prototypes expérimentaux de tumeurs qui se développent dans les trois dimensions permettant de reproduire au plus près l’ensemble des caractéristiques des tumeurs des patients, mais aussi l’environnement tumoral complexe dans lequel elles se développent.
Comment vérifierez-vous le potentiel thérapeutique de cette stratégie ?
Pour cela, nous grefferons des cellules tumorales dans le cerveau de souris, et nous induirons la conversion de ces cellules en neurones au sein même des tumeurs. Nous espérons démontrer que les neurones reprogrammés de cette façon perdront les caractéristiques des cellules tumorales dont ils sont issus, et permettront de réduire la croissance des tumeurs et d’augmenter la durée de vie des animaux. Ainsi, avec le soutien de l’ARTC, notre projet pourrait avoir des implications significatives et mettre en lumière une nouvelle stratégie thérapeutique pour les patients souffrant de glioblastome.