Comprendre la résistance du glioblastome aux champs électriques pour améliorer leur efficacité – Interview de Pauline DESHORS

Pauline Deshors est une jeune chercheuse dans l’équipe RADOPT (optimisation de la radiothérapie) du Centre de recherche en cancérologie de Toulouse. Son projet de recherche a reçu un soutien de l’ARTC. Elle le décrit.

Quel est le sujet de votre projet de recherche ?

Le traitement des glioblastomes repose sur la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, et plus récemment, sur une nouvelle méthode appelée TTF (en anglais Tumor Treating Fields). Ce traitement utilise les champs électriques pour perturber la multiplication des cellules cancéreuses en altérant certaines fonctions biologiques qui leurs sont essentielles. Bien que les TTF aient amélioré le pronostic de la maladie, les glioblastomes sont sujets à des récidives, ce qui met en évidence l’existence de mécanismes de résistance à ce traitement. Notre projet s’intéresse à un mécanisme particulier de résistance aux TTF.

Quelles sont vos hypothèses ?

Nous pensons que cette résistance est due à la présence, au sein de la tumeur, d’une population spécifique de cellules appelées « cellules souches de glioblastome » (CSG). Ces cellules sont particulièrement résistantes et agressives, et leur survie dépend fortement des communications qu’elles établissent avec leur environnement. En effet, les CSG produisent et libèrent des molécules, appelées cytokines, qui leur permettent de dialoguer avec les cellules voisines et de créer un environnement favorable à leur survie.
L’objectif de notre projet est d’identifier, parmi les centaines de cytokines produites après traitement par les cellules souches CSG, les cytokines qui sont impliquées dans la résistance au traitement par champs électriques. Elles pourraient être de nouvelles cibles thérapeutiques pour contrer la résistance aux champs électriques.

Quelles perspectives pratiques pourraient ouvrir vos découvertes ?

L’équipe RADOPT, du Centre de recherche en cancérologie de Toulouse dans lequel est réalisé ce projet, est spécialisée dans la recherche translationnelle, c’est-à-dire le transfert des découvertes scientifiques du laboratoire vers des applications cliniques.
Ce projet, permettant d’identifier de nouvelles molécules impliquées dans la résistance aux champs électriques, devrait développer des traitements qui pourraient vaincre cette résistance et s’associer au protocole de traitement standard des patients atteints de glioblastome. Et grâce à notre expertise, nous pourrions par la suite envisager des essais cliniques qui seraient menés à l’Institut universitaire du cancer de Toulouse-Oncopole.

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à l'ARTC pour son soutien précieux à nos recherches.