TÉMOIGNAGE D’UN BOURSIER DE L’ARTC – Dr Diego PROST médecin spécialisé en oncologie

Quel est votre parcours médical ? D’où vient votre intérêt pour la neuro-oncologie ?

J’ai fait mes études médicales à l’Université de Médecine de Buenos Aires. Je suis médecin spécialiste diplômé en oncologie. Mon intérêt pour la neuro-oncologie découle de la volonté de soigner des patients affectés de maladies complexes, surtout dans un domaine où les grandes avancées thérapeutiques se font encore attendre. J’ai choisi Paris car j’ai eu la possibilité de me former dans un centre de référence international reconnu pour l’excellence de sa recherche et de sa prise en charge en cancérologie.

Quel est votre projet de recherche ?

Je travaille sur un nouveau traitement contre les gliomes appelé le vorasidenib. Dans cette nouvelle thérapie ciblée, la molécule agit sélectivement sur les cellules tumorales qui portent la mutation d’un gène appelé IDH et qui est à l’origine de la tumeur. Ce traitement agit en bloquant le développement des gliomes. Cependant les imageries classiques par IRM ne permettent pas de bien apprécier l’efficacité du vorasidenib, en particulier en début de traitement. Je travaille donc sur une imagerie qui permettrait de mieux suivre l’évolution de la tumeur au cours du traitement.

Quelle est cette imagerie ?

Il s’agit de la tomographie à émission de positrons (TEP), qui utilise un marqueur appelé « DOPA », légèrement radioactif pour pouvoir être détecté. La DOPA est injectée dans la circulation sanguine des patients. Seules les cellules tumorales sont capables d’absorber ce marqueur. Il est détecté par une caméra spéciale qui crée des images en trois dimensions. Ces images permettent aux médecins de repérer dans le cerveau les zones tumorales actives. Par cette imagerie, on ne cherche pas à voir la forme précise de la tumeur, mais à mesurer son activité énergétique, qui reflète l’agressivité des cellules tumorales Dans notre étude, nous avons montré qu’environ 50 % des patients recevant une thérapie ciblée présentaient une diminution significative de cette activité énergétique, ce qui traduit une bonne réponse au traitement malgré une stabilité apparente de la tumeur mesurée à l’IRM.

Quel bénéfice peuvent espérer les patients ?

Nous avons constaté que la réduction du volume métabolique tumoral prédisait un allongement de la durée de rémission. La TEP utilisant le marqueur DOPA (TEP DOPA) permet donc d’identifier précocement les patients les plus sensibles au traitement, et d’améliorer ainsi la prise en charge clinique.

Quelles sont les perspectives de ces résultats ?

Ces résultats pourraient faire du TEP-DOPA (ou PET-DOPA en anglais, cf. la figure ci-dessous) un outil de référence complémentaire de l’IRM pour le suivi des patients souffrant d’un gliome porteur d’une mutation IDH sous thérapie ciblée. Cette recherche a été rendue possible grâce au soutien de l’ARTC et de nos partenaires qui partagent notre engagement pour la recherche en neuro-oncologie.

Imagerie cérébrale par TEP DOPA pour suivre l’évolution d’un gliome. À gauche : on distingue en rouge la tumeur cérébrale active. À droite : après introduction du traitement par vorasidenib, on observe la disparition de la tache rouge, ce qui correspond à une réponse au traitement.