LA PAROLE AUX CHERCHEURS LAURÉATS 2025 – Modéliser les gliomes pour trouver des cibles thérapeutiques

Emmanuelle Huillard est chargée de recherche au CNRS, co-responsable de l’équipe Génétique et Développement des tumeurs cérébrales à l’Institut du cerveau à Paris. Ses recherches concernent plus particulièrement les gliomes de bas grade.

Hélène Castel est directrice de recherche Inserm, responsable de l’équipe NeuroGlio dans l’unité de Génétique du cancer et du cerveau à Rouen. Ses recherches concernent le glioblastome et les neurotoxicités. des traitements du cancer

Quel est l’objectif de votre programme ?

La nécessité de trouver de nouveaux traitements plus efficaces contre le glioblastome nous incite à explorer des pistes encore méconnues. Ainsi, nous nous intéressons tout particulièrement aux étapes qui conduisent une cellule normale du cerveau à se transformer et développer à terme un gliome de bas grade ou un glioblastome. Pour mener nos recherches, nous devons concevoir un modèle expérimental appelé « organoïde cérébral », en utilisant des cellules souches de patients cultivées dans des boîtes (boîtes de Petri) et qui forment des tissus cérébraux en 3D.

Comment allez-vous procéder ?

En collaboration avec le Pr Émeline Tabouret (AP-HM de Marseille), nous rechercherons des anomalies génétiques constitutionnelles des patients porteurs de gliome de bas grade ou de glioblastome à partir de cellules souches de patients, puis nous introduirons par la technique de « ciseaux moléculaires » (appelée CRISPR) une mutation capable de générer une tumeur cérébrale. Ces cellules souches, après plusieurs mois en culture, formeront des organoïdes cérébraux dont nous étudierons toutes les étapes qui les conduiront à développer une tumeur.

Quelles retombées pour les patients ?

Comprendre comment la première mutation entraîne les étapes de prolifération, migration et transformation cellulaire ainsi que la résistance aux traitements, permettra de trouver de nouvelles cibles pour de nouveaux médicaments. Ceux-ci seront d’abord testés sur les organoïdes avant de passer aux essais cliniques chez les patients atteints d’un gliome.